Texte : François Chevalier
Le Requin a toujours faim. Photo Yves Suinat
A quoi servirait la passion des voiliers traditionnels sans la possibilité de la pratiquer en équipage et budget réduit ? Le Requin et le Tofinou 7 ont été, et restent le plus beaux tremplins pour accéder à la passion de la voile classique. Et ne plus en sortir. En 1930, le Président du Club de Voile d’Helsinki, en Finlande, commande à l’architecte Gunnar L. Stenbäck, les plans d’un voilier de régate croisière, bon marché, rapide et simple à construire.
Celui-ci conçoit le Hai (Requin en français), long de 9,60 mètres, avec 19 mètres carrés de voilure. Exposé l’année suivante au premier Boat Show Finlandais, Hai emporte un vif succès. Il correspond exactement à la demande locale : peu voilé, bon marcheur, sûr, élégant et facile à réaliser, il se prête à la construction amateur.
En France, le Cercle de Voile de Seine-Maritime, à Duclair, passe commande de deux Hai livrés en 1934. L’année suivante, le Requin prend définitivement son nom en France et commence à être diffusé sur les trois littoraux. Outre les pays nordiques, l’Allemagne et les Etats-Unis l’adoptent et près de 200 Requins sont exportés, ce qui porte à environ 500 le nombre de coques construites en Finlande.
La construction en France commence en 1947 chez Pouvreau à Vix (Vendée). La surface de voilure passe de 19 à 26 m2, et la tonture est presque rectiligne, la quille est en chêne, le bordé en acajou et certains lests sont en plomb. Bien évidemment, surtoilé et sophistiqué, le Requin devient gîtard et aussi cher qu’un autre voilier de sa taille.
À partir de 1978, la construction en polyester se généralise et les mâts sont en aluminium. Construit à un millier d’exemplaires dans le monde, le Hai garde des adeptes passionnés d’une certaine voile classique et bon marché.
1927 : Le Tofinou (« gens de mer » en pas francais)
En 1986, après des années passées au charter dans les Antilles, Philippe Joubert, frère de l’architecte rochelais Michel, décide de s’installer sur l’île de Ré pour y créer un chantier de gardiénage et d’entretien, Latitude 46. On lui commande la restauration d’une épave, un dayboat de 1927 qui porte le nom de Tofinou.
En 1927, le Capitaine Merle dessine un dériveur lesté de 7 mètres construit par un chantier à Saint-Martin. Il a une élégante tonture de pont, une quille longue et une dérive quart-de-brie. Edouard Menuteau, le propriétaire de ce petit voilier a vécu au Dahomey et lui a donné le nom de Tofinou, ce qui signifie « gens de mer » en dialecte africain.
En travaillant sur la coque, Philippe a l’idée d’en tirer un moule afin de produire le voilier en série, mais en lui conservant un caractère classique.
Présenté au Salon de paris en 1989, le journaliste Francis Dumoulin, un personnage truculent de l’île, rédacteur en chef du magazine Lui, en tombe amoureux et le fait connaître à ses amis. Le succès est au rendez-vous, mais surtout, le Tofinou est bien souvent le premier échelon avant de se lancer dans un voilier classique plus important.
Fiche Tofinou
- Architecte : Capitaine Merle
- Construction : Latitude 46
- Mise à l’eau : 1927
- Longueur : 7 m
- Longueur de la flottaison : 11,96 m
- Bau maximum : 2.25 m
- Tirant d’eau : 0.50 / 1.10 m
- Surface de voile : 24,40 m²
- Déplacement : 1300 Kg
- Moteur In board : 9 cv
Fiche Requin
- Architecte : Gunnar L. Stenbäck
- Construction : Pouvreau, Vix
- Mise à l’eau : 1930
- Longueur : 9,60 m
- Longueur de la flottaison : 6,60 m
- Bau maximum : 1,90 m
- Tirant d’eau : 1,10 m