Un homme, un bateau et l’immensité des mers. Voilà en résumé le programme de la Golden Globe Race 2018 qui démarre le 1er juillet prochain des Sables D’Olonne. Il y a 50 ans ils étaient 9 hommes à prendre le départ et un seul, Robin Knox-Johnston sur son ketch de 10 m, Suhaili franchira la ligne d’arrivée après 313 jours de mer et 30 123 milles parcourus.
Un demi-siècle plus tard on remet ça, La première course autour du monde sans assistance et sans escale fait son grand retour.
Golden Globe Race 2018 retour vers le futur
À nouveau les concurrents devront effectuer un tour du monde en solitaire, sans escale, sans assistance via les cinq caps. Même les voiliers sélectionnés sont « à l’ancienne ». La flotte sera en effet composée de petits voiliers traditionnels et robustes d’environ 11m de long (32 à 36 pieds) avec une quille longue et un gouvernail attaché à la quille, conçus avant 1988 ou similaires à celui utilisé par Sir Robin en 1968.
Quant aux skippers ils devront naviguer avec les équipements de l’époque : sextant, cartes en papier, chronomètre à remontoir. Pas de satellites ni d’instruments électroniques ni évidemment de pilotes automatiques.
Ils devront déterminer seuls leurs prévisions météo et tenir leur journal de bord, écrit à la main. Quant aux communications avec la terre elles ne seront autorisées que via les ondes courtes et le réseau mondial des radio-amateurs.
Golden Globe Race 2018 priorité à la sécurité
S’il y a 50 ans on se lançait dans une course autour du monde sans le moindre contrôle, dans notre société plus policée d’aujourd’hui, les organisateurs ont exigé des concurrents des mesures de sécurité importantes :
ainsi les règles 2018 exigent
une expérience minimale de 8000 milles + 2000 en solitaire
3 systèmes de tracking indépendants
2 téléphones satellite irridium
3 balises de détresse dont une personnelle
1 radio BLU + 1 radio HF SSB + 1 radio VHF + 2 radios HH VHF + 1 radio + One GMDSS VHF HH
• 1 radio aviation band VHF
• 1 radeau de survie SOLAS
• 1 système de gréement de fortune testé
• 1 second système complet de gouvernail d’urgence
• 1 cloison étanche à l’avant et 1 cockpit complètement étanche
• 1 système de panneau solaire de 160 watt d’urgence
Golden Globe Race 2018 : le Tabarly indien
Parmi les 18 concurrents inscrits de 13 nationalités différentes, notons la présence du Commandant Abhilash Tomy, de Mumbai. Ce « Tabarly indien » a recréé pour l’occasion le bateau vainqueur de 1968 : Thuriya (numéro 5) est un ketch de 9,78 m de long avec un tirant d’eau de 1,67 m pour une voilure de 58,34 m2 et un déplacement de 8865 kg. Bien loin du Vendée Globe !
Construit à Goa ( Inde) au chantier Aquarius Shipyard Pvt Ltd, dès 2016, il ne l’a pas été avec l’équipement rudimentaire, la foreuse et la scie à main qui avaient façonnés Suhaili dans un chantier naval à Bombay cinq décennies auparavant. Cette fois ci, la conception CAO et les machines de coupe CNC ont produit une réplique beaucoup plus légère en composite époxy bois.
Golden Globe Race 2018 : VDH le vétéran
Côté français on note la participation du légendaire Jean-Luc Van den Heede qui est sans nul doute le plus expérimenté des prétendants à la victoire avec à son compteur cinq tour du monde et le record de vitesse du tour du monde à la voile, en solitaire et sans escale, contre vents et marées.
Son voilier Matmut (Numéro 8) est un Rustler 36 Masthead sloop concu par Holman & Pye. Cette construction britannique fait 10,77m hors tout, 1,67m de tirant d’eau, peut porter plus de 64 m2 de toile et ne pèse « que » 7623 kg. Dès 2016, Jean Luc Van den Heede a réalisé 6 mois de travaux de remise en état en remplaçant le mât, le gréement, les voiles et le moteur. Il a également passé le test obligatoire de navigation sous gréement de fortune.
Avec l’expérience acquise, j’ai tout à fait conscience de la difficulté de cette course. Le type de bateau ancien à quille longue, l’absence de météo, l’interdiction de toute électronique, le calcul de sa position au sextant, le manque de contact terrestre, la faible vitesse de ces voiliers anciens, l’absence de pilote électrique remplacé par des régulateurs d’allures mécaniques vont rendre cette épreuve encore plus aléatoire et difficile que le Vendée Globe.
C’est pour cela que je repars. Je veux revivre, dans des conditions quasi identiques, ce qu’ont vécu nos prédécesseurs.Pour cela, j’ai acquis un RUSTLER 36 que j’ai remis à neuf pendant l’été 2016. Nouveau mat, nouveau gréement, nouveau moteur, nouvelles voiles, cloisons étanches, accastillage récent, j’ai tout fait pour rendre MATMUT le plus fiable possible car je suis bien conscient des problèmes qui pourraient survenir en 8 à 9 mois de mer. En parallèle, j’essaie d’entretenir le bonhomme comme j’entretiens le bateau avec l’aide d’un kiné, d’une préparatrice physique…et de mon vélo.
Je redécouvre aussi l’ambiance des premières éditions de course que j’affectionne. Nous sommes tous conscients d’aller vers une aventure difficile. La solidarité entre les participants prend le pas sur les rivalités entre les coureurs-aventuriers. J’ai déjà vécu ces grands moments de fraternité dans les premières Mini Transat 6,50 ou dans les premiers Vendée Globe.
Golden Globe Race : Où sont les femmes ?
Seule femme de l’épreuve, (il y a 50 ans on n’en comptait aucune ) la britannique et plus jeune participante, Susie Goodall dispose elle aussi d’un Rustler 36 Masthead sloop baptisé DHL Starlight. Susie Goodall est l’une des 7 participants à avoir choisi ce robuste voilier de pour participer à la Golden Globe Race 2018. En 2016, le voilier a subi une première remise en état avant que Susie ne termine un double voyage transatlantique en solitaire vers les Caraïbes. Cette expérience a donné à Susie l’opportunité d’adapter et modifier le bateau à ses besoins réels. Une niche protectrice sur la descente et l’extrémité avant du cockpit, a été ajoutée lors d’un dernier carénage au chantier naval de Rustler Yachts à Falmouth.
Le top départ sera donné le dimanche 1er juillet à 12h, pour un retour sur place dans quelques mois, à moins que comme Bernard Moitissier certains choisissent une autre voie. Mais autre temps autres mœurs…
Golden Globe Race : Le programme avant le départ
18 juin Arrivée de Sir Robin Knox-Johnston sur son bateau de 1968
22 juin à 21h00 : concert avec Jean-Luc Van Den Heede et son groupe « Globalement vôtre »
23 juin à 16h00 : parade des skippers puis remontée du chenal à 18h00. Feu d’artifice à 23h00
5 juin à partir de 17h30 : visite des bateaux Pen Duick III et VI
26 juin : visite des bateaux Pen Duick III et VI et retransmission du match France-Danemark à 16h00 (Coupe du Monde de football)
27 juin à 16h00 : spectacle pour enfants « Joshua ou la mer des histoires »