REPORTAGE VOILIER D’EXCEPTION – En l’espace de la même saison, Sumurun a créé l’évènement sur les deux façades maritimes du pays. Le 19 juillet, le ketch de 28 mètres sortait du chantier du Guip à Brest. Quelques semaines plus tard, il remportait les Voiles de Saint-Tropez non sans avoir entre les deux avalé un convoyage via Gibraltar. Il mérite bien le trophée 2020 YACHTING Classique du Yacht de l’année. Par François Le Brun
Dans le port finistérien, il a donné un avant-goût aux fêtes maritimes de 2020 qui se dérouleront jour pour jour un an après sa majestueuse mise à l’eau. Le vert Fife, typique des antifouling appliqués aux œuvres vives des bateaux dessinés par le grand Écossais, semblait avoir recouvert toute l’étendue du quai Malbert, tant la longueur de la coque était impressionnante.
Il a vu défiler à son bord Mick Jagger et l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry
Il avait fallu mobiliser les plus calibrés des camions grues de l’entreprise locale de levage, la bien nommée « le gai matelot ». Ses responsables ont dépêché deux engins capables de manipuler respectivement 120 et 150 tonnes. Forcément, l’homme à la manœuvre était Yann Mauffret en personne. Il n’avait pas mobilisé pendant dix-huit mois ses trente-cinq compagnons sur ce chantier d’orfèvre pour faire courir le risque à un tiers de transformer tout ce travail en bois d’allumette par un geste maladroit.
D’autant que le propriétaire Alain Moatti avait fait le déplacement pour assister en quelque sorte à cette sortie de maternité. Pour Yann, Sumurun, est un monument historique flottant. Déjà, c’est un Fife, dans son dessin et sa construction, mais en plus « c’est l’un des plus beaux plans Fife au monde».
« Nous avons changé l’étrave, de la tête au bout, soit 13 mètres de long »
Il ne se sentait aucun droit à l’erreur. «Le bateau avait besoin de gros travaux, explique-t-il, pour retrouver son lustre d’antan, parce qu’avec le temps, différentes rénovations l’avaient un peu dénaturé. Nous avons changé l’étrave, de la tête au bout, soit 13 mètres de long. Nous avons beaucoup travaillé sur la forme du bateau, redessiné l’avant pour lui redonner l’aspect d’origine, repensé un nouveau plan de voilure et de mâture ».
Et de poursuivre : «c’est un chantier qui a demandé de l’application. C’est un monument et, à chaque instant, nous avions peur de mal faire. Le résultat devait être parfait. La force de notre chantier est d’avoir l’équipe et les compétences pour traiter ce genre de bateaux mais aussi l’infrastructure pour le mettre à l’abri et travailler à l’intérieur, et la culture de chacun d’entre nous dans la connaissance des bateaux, de la charpente et de la mer». Une fois réussie la mise à l’eau, il a fallu réunir les éléments du puzzle. Parallèlement, les chantiers Pasqui, à Villefranche-sur-Mer (pas la porte à côté) travaillaient sur la mâture. Tandis qu’en Franche-Comté (pas franchement voisin non plus), les équipes de Dryade confectionnaient des poulies sur mesure.
De la Bretagne à la Méditerranée
Dès qu’il a été prêt à prendre la mer, le ketch de 1914, de nouveau dans la force de l’âge, n’a pas tardé à filer vers le Sud où les organisateurs des Régates Royales de Cannes, puis des Voiles de Saint-Tropez attendaient le retour de l’enfant prodigue. Le voilier n’est pas inconnu en effet en Méditerranée. Il a remporté la semaine classique de Barcelone en 2011. Surtout, sa légende le précède. Il a vu défiler à son bord Mick Jagger et l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry. Mais dès les origines, l’histoire est un vrai roman. Ce grand bateau était le cadeau d’une certaine Lady Victoria à son mari, Lord Sackville. Mais l’histoire prend tout son sel quand on sait qui était cette dame (…).
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Cette remise en état est magnifique .Cette belle unité qui a été photographiée par Beken ,était en yawl sous gréement aurique ,une photo le montre en 1922.Je ne peux que féliciter son propriétaire et le chantier pour tout ce travail accompli . Patrice Auzou . Mars 2021 .