Après avoir bouclé la Route du Rhum – Destination Guadeloupe à bord de Pen-Duick III en 2022, Arnaud Pennarun affiche une ambition forte: s’aligner au départ de l’édition 2026 de la mythique transatlantique à bord d’une réplique de Pen-Duick IV. La construction du bateau, qui serait réalisée par le Chantier Naval de Pors-Moro à Pont-L’Abbé (Finistère) qu’il dirige, pourrait débuter fin 2024.
A retenir dans ce communiqué
- Arnaud Pennarun va lancer la reconstruction de Pen-Duick IV au Chantier Naval de Pors-Moro
- Le bateau participera à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2026 et à The Transat CIC 2028
Alors que les 48 concurrents en lice sur The Transat CIC s’apprêtent à prendre dimanche le départ de la course sur laquelle Pen-Duick IV s’est imposé en 1972, Arnaud Pennarun annonce sa volonté de reconstruire le trimaran mythique d’Éric Tabarly.
La genèse du projet
L’histoire commence en 2017, quand Jacqueline Tabarly, Marie Tabarly et Arnaud Pennarun décident de faire classer Monument Historique Pen-Duick, le légendaire cotre de 1898 d’Éric Tabarly. L’objectif: pouvoir reconstruire sa coque qui ne pouvait plus naviguer, les matériaux la composant ayant perdu leurs caractéristiques mécaniques. «A cette époque, le Ministère de la Culture nous a soufflé l’idée de faire classer la flotte des cinq Pen-Duick. L’association Éric Tabarly a lancé cette démarche en 2023. Les délibérations sont actuellement en cours à la DRAC de Bretagne», explique-t-il. «Cela serait une première en France et en Europe, aucune flotte de voiliers, témoignant chacun d’un pan de l’histoire de la course au large et des innovations de génie d’un seul homme, n’a réussi à être conservée dans son ensemble jusqu’à aujourd’hui et obtenu ce statut qui lui permettrait d’éviter d’être dispersée.»
Après la Route du Rhum – Destination Guadeloupe qu’il a courue pour l’association Robert-Debré à bord de Pen-Duick III, Arnaud Pennarun souhaite participer à l’édition suivante à bord d’un autre bateau. «Il manque le maillon de 1968, l’année qui a vu naître Pen-Duick IV, le trimaran le plus grand, le plus innovant et le plus rapide de sa génération. Reconstruire ce bateau est l’opportunité de compléter la flotte des Pen-Duick et de les réunir à nouveau tous les six. De plus, les équipes et la dimension du Chantier Naval de Pors-Moro vont nous permettre de reconstruire avec précision et fidélité ce trimaran si emblématique de la course au large», indique-t-il. Estimant qu’un «bateau de cette trempe ne saurait rester au ponton trop longtemps avec ses frères Pen-Duick», il souhaite courir la Route du Rhum – Destination Guadeloupe avec, puis lui faire prendre le départ de The Transat CIC, «course pour laquelle il a été pensé et construit».
Pen-Duick IV, le premier trimaran de course au large
Dessiné par l’architecte Sétois André Allègre, Pen-Duick IV, construit en 1968 aux Chantiers et Ateliers de la Perrière à Lorient, est un trimaran en aluminium ultra moderne pour l’époque. Pionnier, Éric Tabarly avait imaginé un trimaran de 20,80 m de long pour 10,70 m de large, équipé de deux mâts tournants. L’objectif : concevoir le trimaran le plus rapide du monde pour la 3e édition de la Transat Anglaise. Contraint à l’abandon sur l’édition de 1968 de la transatlantique, le trimaran surnommé la « pieuvre géante » ou « le court de tennis » révolutionne la course au large et enchaîne ensuite les records. La tenue des mâts-ailes étant difficile à mettre en œuvre, le «IV», dorénavant équipé d’un gréement classique, pulvérise le record de la traversée de l’Atlantique entre les Canaries et les Antilles en décembre de la même année avant de participer à la «Los Angeles – Honolulu» en juillet 1969 hors course (les trimarans n’étant pas admis), deux jours avant les plus grands monocoques américains de l’époque. Le bateau passe ensuite entre les mains d’Alain Colas, l’un des équipiers d’Éric Tabarly. Ce dernier remporte la Transat Anglaise en 1972 et bat par la même occasion le record de l’épreuve avant de renforcer la structure et la stabilité avant des trois coques, au chantier où il a été construit. Alain Colas ayant «caphornisé» son bateau, il le renomme Manureva et boucle le tour du monde en solitaire par les trois caps en 1973. Cinq ans plus tard, il prend le départ de la première édition de la Route du Rhum mais disparait avec son trimaran le 16 novembre 1978 au large des Açores, alors qu’il est deuxième de la course.
Cap sur 2026
Avant de se lancer dans l’aventure, il a fallu «patiemment réunir les plans, les photos et les témoignages concernant Pen-Duick IV», comme le souligne Arnaud Pennarun, «surpris par l’audace des choix technologiques de 1968». A ce stade, le marin chef d’entreprise travaille avec un organisme de certification et de calcul de structures afin de bien anticiper les enjeux de la construction à venir. «Nous avons opté pour une reconstruction fidèle de Pen-Duick IV, en prenant en compte les modifications réalisées entre 1968 et 1970 par Éric Tabarly, ainsi que certaines améliorations apportées par Alain Colas», précise-t-il.
Afin de pouvoir être présent sur la ligne de départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2026 en catégorie Rhum Multi, le chantier de reconstruction devra démarrer en fin d’année 2024. «Pour démarrer cette construction qui permettrait de compléter la flotte patrimoniale des Pen Duick et faire revivre un monument de la course au large internationale, nous allons rechercher un ou des partenaires financiers désireux de se projeter sur un circuit de course au large moderne avec un trimaran de course qui, nous vous l’assurons, étonnera à nouveau par sa vitesse», conclut-il.
Le port d’attache de Pen-Duick IV sera la Cité de la Voile Éric Tabarly à Lorient La Base.
Caractéristiques techniques de Pen-Duick IV
Longueur:20,80 m hors tout
Largeur:10,70 m
Tirant eau:2,40 m/0,80 m
Déplacement: 6,5 t
Surface de voilure au près : 107m2
Matériau : aluminium