Sur le même parcours que les héros du Vendée Globe, un autre défi a lieu à la voile autour du monde: Le Trophée Jules Verne :
Deux bateaux se sont élancés au pied du Créac’h dans la nuit de mardi à mercredi. Sodebo à 2h55 et le Maxi Edmond de Rothschild dans son sillage 31 minutes plus tard, à 3h26.
L’objectif fixé par la cellule de routage de Sodebo composée de Jean-Luc Nélias et Philippe Legros : descendre le Golfe de Gascogne le plus vite possible dans un vent d’une vingtaine de nœuds de nord-ouest assez instable, donc nécessitant beaucoup de réglages.
Chose bien faite une petite quinzaine d’heures plus tard, puisque Thomas Coville et ses sept équipiers (François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame) ont dépassé le Cap Finisterre, à la pointe nord-ouest de l’Espagne, mercredi dès 17h.
Pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, c’est donc à 3h26, mercredi 25 novembre, dans la nuit noire de l’automne à l’arrière d’un front pluvieux, que le géant de 32 mètres franchissait la ligne virtuelle tendue entre Ouessant et le cap Lizard, à la pointe sud-sud-ouest de l’Angleterre, et déclenchait ainsi le chronomètre de son premier Trophée Jules Verne.
Depuis, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont déjà parcouru plus de 1000 milles vers le but. Ils ont doublé ce matin la latitude des Açores et dépasseront dans la soirée celle de Madère… Ça va vite, très vite mais c’est bien là le but d’un record de vitesse. A la position de 15h30, l’équipage possédait 71,6 milles d’avance sur le record détenu par Francis Joyon et Idec Sport.
La cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild composée des deux skippers et de leur routeur Marcel van Triest visait une veine de vent assez nette, synonyme de hautes vitesses en quasi ligne droite vers les alizés de l’hémisphère Nord puis de l’équateur. Mais cette belle trajectoire se mérite et à bord du dernier-né des Gitana, l’équipage a dû se mettre rapidement dans le bain.
En plus de 30 heures de navigation, les six hommes du bord ont en effet réalisé deux empannages pour rester dans ce couloir mais surtout des changements de voiles d’avant pour ajuster sans cesse leur trajectoire face à des conditions décrites instables par Charles Caudrelier hier dans la matinée :
La première nuit a été sportive et intense ! Le vent était très instable, la mer pas très haute mais très désordonnée et nous avons passé notre première nuit sous pilote automatique car c’était inbarrable
La nuit dernière, tandis que Gitana 17 démarrait son deuxième jour de record, le vent avait bien forci et la mer avait pris du coffre au large de la péninsule ibérique
4,5 à 5 mètres et un flux puissant de nord nord-est de 25-30 nœuds soufflant jusqu’à 40 nœuds dans les rafales. »
Des bêtes de course à plus de 30 nœuds
Les maxis-trimarans de nouvelle génération, dont le Maxi Edmond de Rothschild affolent les compteurs sur ce début de record. L’édition 2019 de la Brest Atlantiques nous avait permis d’observer cela avec un départ sur les chapeaux de roues et un dégolfage express malgré des conditions musclées. Un an plus tard, l’histoire se répète et l’intensité de ce début de Trophée Jules Verne se montre à la hauteur des espérances. A 14h45, le duo Cammas – Caudrelier et leurs équipiers avaient avalé plus de 1 200 milles sur le fond (au réel parcouru sur l’eau) à la vitesse moyenne de 35 nœuds !
Ces départs quasi simultanés aux allures de course ne doivent cependant pas nous faire oublier l’essentiel : c’est bien à une chasse au record de Francis Joyon que les deux géants se livrent. Mais ce serait mentir que de ne pas évoquer l’adversaire et le coude à coude qui se joue actuellement dans la descente de l’Atlantique. Franck Cammas confiait avant le départ:
Partir à deux bateaux ? L’hypothèse de s’élancer en même temps que Sodebo était bien présente dans nos esprits puisque l’équipe de Thomas Coville était en stand-by en même temps que nous. Et depuis le début partir à deux bateaux nous plaît assez. C’est une émulation, une motivation supplémentaire ! Et en termes de sécurité c’est aussi sympa.
Equipage Maxi Edmond de Rothschild :
Franck Cammas et Charles Caudrelier, skippers
David Boileau, régleur N°1
Erwan Israël, barreur régleur
Morgan Lagravière, barreur régleur
Yann Riou, régleur médiaman
Marcel van Triest, routeur météo
Yann Eliès, équipier remplaçant
Record à battre :
40 jours, 23 heure et 30 minutes > Record détenu par Francis Joyon et son équipage (Idec Sport) depuis le 26 janvier 2017.