Après le flamboyant feu d’artifice qui embrasait le golfe de Saint-Tropez hier, suivi de la soirée des équipages, c’était jour de marché ce samedi à Saint-Tropez. L’occasion des dernières bonnes affaires pour les quelques 3 000 équipiers des Voiles de Saint-Tropez, conviés dès 11 heures pour l’ultime journée de course de cette 27ème éditionLa magie des Voiles a une fois de plus opéré, et ce ne sont pas les Maxis qui diront le contraire, eux dont la remise des prix a lieu ce soir avant d’honorer demain Modernes et Yachts Classiques. Un timing serré privait les classiques d’une dernière manche mais à l’heure des comptes, chacun peut savourer d’avoir vécu une semaine exceptionnelle. Communiqué de l’organisation. Photos: Gilles Martin-Raget

Classiques: pour le plaisir et pour la gloire
Il était plus de 15 heures au moment de faire s’élancer les Classiques, heure limite inscrite dans les Instructions de course des Voiles de Saint-Tropez. Pas de manche donc aujourd’hui pour les 81 yachts de Tradition qui restaient pour beaucoup sur le plan d’eau, partageant une dernière fois de la saison le plaisir de faire partie de cette flotte d’exception. Chips, Olympian, Corinthian et Joyant les quatres P Class qui disputent toute l’année un championnat informel, se livraient à un dernier speed test, les 12 m JI continuaient leur spectacle en attendant leur tender quand Lelantina, la goélette aurique sur plans Alden venait longer le mole pour saluer les spectateurs. L’équipage de Patrick Gibert sociétaire de la SNST, pouvait savourer sa victoire à domicile dans la catégorie Cruiser. Les deux trois mâts Adix et Atlantic offraient également un ballet parfaitement chorégraphié dans la lumière dorée du Golfe de Saint-Tropez, dernière « carte postale » de des Voiles de Saint-Tropez.
En Big, récompensés par le Trophée Rolex, c’est donc Cambria qui l’emporte d’un petit point devant Elena of London, la goélette Atlantic complétant le podium. A coup sûr, ces trois-là auront marqué de leur majesté cette 27ème édition des Voiles de Saint-Tropez. Face aux grandes goélettes c’est finalement le plus long sloop engagé – 40 mètres hors tout, et le plus haut mât du port, toutes classes confondues – 50 mètres, qui appose son nom sur la longue liste des détenteurs du prestigieux Trophée Rolex, dont c’était la vingtième édition cette année.
En Grand Tradition et en 12 m JI, victoires sans partage du New-York 50 Spartan et de Kiwi Magic qui n’ont laissé aucune manche à leurs concurrents.
En Epoque aurique, Kismet, le plan Fife centenaire de Sir Richard Matthews l’emporte cette année devant Oriole, le plan Herreshoff vainqueur l’an passé, et c’est un autre plan Fife, Viola, revenu aux Voiles cette année qui complète le podium. Pour rappel, Sir Richard Matthews avait déjà remporté ici l’an passé, mais c’était à la barre de son 12 m JI Crusader !
En Classique Marconi, Argynne III, le plan Cornu construit chez les frères Bonnin à Arcachon en 1955 met tout le monde d’accord. Construits avant 1950, les Epoque Marconi, sont eux répartis en deux catégories de rating. En A, c’est le Sparkman et Stephens Varuna VII qui décroche la timbale, et en B, les honneurs reviennent à l’un des deux Sonny, celui skippé par le britannique Tobias Brand.
Enfin, en IOR, les deux plans Frers Il Moro di Venezia et Matrero terminent à égalité de points mais c’est le premier qui l’emporte avec deux manches terminées à la première place contre une seule pour son concurrent argentin qui a très nettement progressé par rapport à sa première participation aux Voiles l’an passé.

Maxis: Ecarts minimes et beaux vainqueurs
Deux parcours construits pour les classes Maxi 1 et GP et un côtier pour les Maxis 3, 4 et 5, c’était le menu du jour en baie de Pampelonne pour le dénouement de ces Voiles de Saint-Tropez. Au total cette semaine, le plateau remarquable de 41 yachts de plus de 60 pieds, le plus grand rassemblement de Maxis avec la Maxi Yacht Rolex Cup, aura disputé six manches pour les deux grandes classes et cinq ou quatre pour les trois autres. Encore quelques chiffres : dans quatre des cinq catégories, les écarts entre les deux premiers sont d’un ou deux points maximum, signe de régates très serrés et d’un suspens qui aura duré jusqu’à ce soir.
En Maxi 1, pour le Trophée Edmond de Rothschild, rien n’était définitivement joué hier encore entre V, le Wallycento de Karel Komarek et Capricorno, le 82 Judel-Vrolijk d’Alessandro del Bono. Mais avec deux victoires aujourd’hui, l’équipage de V réalise un quasi sans-faute sur la semaine (4 victoires sur 6 manches) et s’impose avec la manière au général. Leopard 3 de Joost Schuijff complète le podium et l’équipage mixte de Tilakkhana II mené par Pascale Decaux, termine en quatrième position après une très belle semaine sur l’ex-Magic Carpet Cubed.
En Maxi GP, le Wallyrocket 71 Django, aura marqué cette édition des Voiles et confirme sa victoire en septembre à la Maxi Yacht Rolex Cup de Porto Cervo. Plus léger et planant que ses concurrents, il s’est confirmé très véloce dans les conditions légères de la semaine souvent associées à du clapot en baie de Pampelonne. Mais l’équipage de l’italien Giovanni Lombardi Stronati a eu fort à faire contre l’Américain Vesper, toujours dans le coup, qu’il ne devance que d’un point au général.
La hiérarchie d’hier et qui a prévalu toute la semaine a été respectée en Maxi 3 avec la victoire d’une autre équipe italienne, celle de Twin Soul B, mené par Fédérico Lunardini. Le Mylius 80 a su tenir en respect le Wally 77 Lyra, tenant du titre dans cette classe, distancé de seulement deux points.
En Maxi 4 en revanche le Vismara 62 italien Yoru conserve son titre 2024. Sanctionné par un OCS aujourd’hui, l’équipage de Luigi Sala a failli gâcher son très beau début de semaine marqué par trois victoires consécutives. Mais en éliminant cette dernière manche du comptage final, il sauve sa place d’un point par rapport à Seaquill, le Swan 60 d’Alessandro Doria. Un point, c’est aussi l’ écart qui sépare ce dernier du belge Kallima II, auteur d’une très belle fin de semaine, conclue par une première place dans le côtier d’aujourd’hui.
C’est finalement en Maxi 5 que la victoire est la plus nette. Crazy Diamond, le Solaris 60 d’Enzo Pelizzaro qui n’a concédé aucune manche à ses deux dauphins Viva la vida et Saida séparés d’un point sur le podium, remporte la catégorie.
Interview: Charles Caudrelier et un oeil sur les voiliers classiques
De passage à Saint-Tropez, vous venez naviguer?
Non, je viens en visiteur, j’accompagne Edmond de Rothschild qui est partenaire de l’événement et avec l’hiver qui arrive chez nous en Bretagne, ce n’est pas désagréable de venir retrouver le soleil ici ! J’avais fait une manche des Voiles sur Mari Cha IV avec Mike Sanderson dans les années 2000, la fameuse goélette qui était un très beau bateau. C’était sympa mais très bref!
Il y a ici beaucoup de bateaux qu’on ne croise jamais en Atlantique, c’est inspirant?
Oui, d’ailleurs je n’ai jamais navigué sur un Classique! Quand j’étais jeune, ça ne m’intéressait pas vraiment mais aujourd’hui je les regarde différemment. Le côté équipage, manœuvres m’intéresse beaucoup. S’il y a bien quelque chose que je trouvais fantastique sur la Coupe de l’America, ce sont les manœuvres, cette chorégraphie. J’adore ce qu’ils font aujourd’hui, je ne suis pas dans le «c’était mieux avant» mais on a perdu un peu cet aspect qui me plait. Lorsque j’ai disputé la Volvo Ocean Race, orchestrer tout un équipage m’a passionné. Je vois comme c’est déjà compliqué à 11 marins, alors j’imagine qu’à 20 sur les Maxi ou les Classiques, ça ne doit pas être simple!
Vous avez renoncé à participer à la Transat Café l’Or, où en est Gitana 18?
Au départ, nous avions imaginé mettre à l’eau en octobre, la Transat n’était pas au programme car nous avions une tentative de Trophée Jules Verne avec Gitana 17 programmée pour l’hiver 2024-2025. Lorsque nous avons cassé son mât, en rentrant de Méditerranée l’an passé, la campagne de records a été annulée, ça faisait un grand vide dans le programme, et accélérer pour être présent au départ de la Transat avait du sens. Mais nous avons vite compris que ce n’était pas réaliste et à un moment donné on a préféré décaler pour aller au bout de tous les choix techniques du bateau. Nous allons donc essayer de mettre le bateau à l’eau avec toutes les idées qu’a imaginé Guillaume Verdier. Tout est intéressant sur le papier, mais lorsqu’on passe à la réalisation, c’est souvent plus compliqué que prévu ! Les équipes font preuve de beaucoup d’imagination et je suis assez impressionné des solutions qu’ils arrivent à trouver. Nous avons la chance d’avoir un jumeau numérique et nous faisons beaucoup de simulateur en attendant les premières navigations. Notre première course sera l’Odyssée Ultim en Méditerranée à partir du 28 mai prochain, nous avons tous hâte, même si le bateau a d’abord été conçu pour les transats et tours du monde.
Programme des Voiles de Saint-Tropez 2025
Dimanche 5 octobre : Remise des Prix pour les voiliers Modernes et les voiliers Classiques, dont le Trophée Rolex