Une semaine après le départ de la Panerai Transat Classique 2019, la situation et le classement ne se sont pas décantés. Alex Pella, le skipper de Stiren et marin au palmarès éblouissant (record du tour du monde sur IDEC avec Francis Joyon, victoire à la Route du Rhum 2014 en Class40, notamment), l’avait annoncé :
Cela fait bien longtemps que je n’ai pas connu un départ aussi compliqué avec un choix tactique essentiel à faire dès le début. »
Partir au Nord, plonger au Sud, se glisser entre les îles : elle aussi indécise la flotte s’est scindée et après 7 jours, pas facile de dire où se trouvait la route la plus rapide.
Transat Classique 2019 : changements de leaders
Au fil des relevés de positions des concurrents, les classements en temps réel et en temps compensé ne cessent de changer de leader. Aux avant-postes pendant 48 heures, Xarifa, immense goélette à trois-mâts skippée par Diego Masso, a été fortement pénalisé par son option Nord… avant de reprendre le contrôle de la course, puis de le perdre de nouveau.
Transat Classique et Art de Vivre
A cette première place se sont succédés Coch y Bondhu, le joli ketch de 1936 de Paolo Zangheri et longtemps leader en temps compensé, Stiren, co-skippé par Alex Pella et Oren Nataf et sur le podium depuis le début, et Eilean. L’élégant ketch Fife, commandé par Stefano Valente, affiche la vitesse moyenne la plus élevée, mais ses longs bords vers les côtes africaines ont rallongé sa route de nombreux milles. Cet incessant chassé-croisé, on le retrouve aussi en temps compensé où trois bateaux trustent le podium depuis le départ de Lanzarote : Coch y Bondhu, Stiren et,actuel et surprenant leader, Glen Maël.
Ce plan Stephens de 1973 est l’un des petits de la flotte, mais il ne se laisse pas impressionner et maintient une allure constante. Son secret résiderait-il dans l’impressionnante – par sa qualité – cave embarquée par Jean-Philippe Gervais ? Cela contribue sans doute à conserver au plus haut le moral de l’équipage.
Le vin de midi : Rully Les Pucelles Premier Cru 2012. Nez noisette, bouche délicieusement beurrée et finale boisée. Il nous manque les Saint-Jacques et queues de langoustines saisies au beurre. Le bateau : le Marche-Avec, chaloupe sardinière de la baie de Concarneau.
ou encore le 14 janvier dernier :
Vosne-Romanée Clos de la Fontaine 2007. Précieux et subtils tannins. Nez de myrtille et de réglisse. Une harmonie toute en douces vibrations. Nous pensons à un petit Herreshoff aurique qui est au ponton Tradition de la Nautique* : Le Lézard.
NDLR Les plans du Lézard sont signés du peintre Gustave Caillebotte, en 1891, et non du Sorcier de Bristol.
Rien n’est joué cependant car Jérôme Cathala sur Bryell II, autre David de la flotte et porté par son engagement envers la Fondation Santé des étudiants de France, ne relâche pas la pression, tout comme Philippe Thurneyssen qui, avec Hilaria, aimerait rattraper le retard inhérent à son option au cœur de l’archipel canarien.
Transat Classique : pépins techniques
Deux voiliers sont un peu plus à la peine. Lys, en raison d’ennuis mécaniques, avait quitté Marina Lanzarote environ 6 heures après ses adversaires et s’il a bien recollé, il connaît des problèmes de communication qui l’empêche de recevoir les prévisions météo.
Son skipper, le célèbre Philippe Monnet, ex-détenteur du record autour du monde contre vents et courants, peut utiliser toute son expérience et sa science de la navigation pour se sortir « à l’ancienne » des chausse-trappes semées par Eole. Le Taillefer Aramis avait connu des ennuis de barre et a été contraint à un arrêt technique de 29 heures, à Las Palmas, sur Grande Canarie. Dur pour Christian Welter et son équipage venu des Ardennes, mais tous les espoirs restent permis car, après un ralentissement de l’ensemble des concurrents, le vent devrait revenir par l’arrière et permettre un – nouveau – regroupement.
Une semaine de course et donc toujours aucune incertitude. A part celle de savoir les équipiers heureux en mer.