Chantier d’exception sur la Belle-Poule : changement de l’étambot
Le 7 novembre dernier, la goélette Belle-Poule de la Marine nationale est entrée au bassin 19 de l’ancienne base des sous-marins de Brest pour un « arrêt technique majeur » (ATM). Ces arrêts permettent de maintenir en excellent état cette goélette à huniers (32,45 m de coque, 37, 50 m hors-tout) construite en 1932 à Fécamp.
L’ATM avait permis en 2015 la réfection totale du rouf passerelle, le remplacement d’une partie du matériel de navigation, le changement d’un groupe électrogène et la refonte complète du compartiment machine. Au niveau charpente marine, certaines lisses, jambettes, barrots et lames de pont ont été remplacés. La mature, quant à elle, bénéficia d’une nouvelle vergue de hunier fixe et d’un nouveau pic pour la grand-voile. Autant de travaux traités sous la houlette du SSF (Service de Soutien de la Flotte) par le Chantier du Guip, l’entreprise Navtis, le service logistique de la Marine et l’équipage de la goélette.
Pour cet ATM, les travaux qui seront dirigés par Yann Mauffret, le patron du chantier du Guip, porteront sur une partie essentielle du bateau, car il s’agit de rien moins que du remplacement de l’étambot, pièce majeure de la structure axiale, qui porte tout l’arrière du bateau. L’opération est complexe et inédite sur un bateau de cette taille.
Il faut en effet commencer par délivrer la « tortue », cette petite cabine en forme de quart de rond située à la poupe, qui a servi d’abri à l’opérateur radio du bord jusqu’aux années 70 et continue à protéger l’homme de barre dans les conditions météo difficiles. Elle sert toujours de support au gui de grand-voile lorsque celle-ci est affalée. C’est aussi à cet endroit que se trouvent la barre de secours, le matériel de sécurité et l’accès au mécanisme de gouvernail.
Une fois la tortue enlevée, il faut délivrer une partie du pont, le cuivrage des bordés arrière, ces bordés eux-mêmes ainsi que le vaigrage, afin d’accéder au mécanisme complet du gouvernail, qu’il faut entièrement déposer. 10 charpentiers seront mobilisés pour cela.
De son côté, la société Navtis, partenaire du Chantier du Guip pour le maintien en condition opérationnelle des voiliers et embarcations bois de la Marine Nationale, prend en charge le carénage, la peinture, la technique embarquée et la motorisation.
En mars, la jolie Belle-Poule reprendra la mer, à nouveau opérationnelle pour sa mission de formation maritime et d’entraînement des officiers, officiers-mariniers et élèves des différentes écoles de la Marine nationale.