Rencontre entre l’AC 45 BAR et Mariquita lors des entraînements. © ACEA 2015 / Photo Gilles Martin-Raget
Comme un clin d’oeil au yachting classique, les premières régates de la Louis Vuitton america’s Cup World Series 2015 (LVACWS), se sont disputées dans le Solent, entre Portsmouth et l’île de Wight, dans les eaux mêmes où la goélette America avait humilié les meilleurs yachts anglais… en 1851. Mais cette fois ci les anglais ont gagné.
Premier -et seul jour- de régate à Portsmouth. Victoire anglaise. © ACEA 2015 / Photo Gilles Martin-Raget
L’épreuve, en seulement deux régates le samedi -une journée au lieu des deux prévues car le dimanche un vent de Sud soufflait à plus de 30 nœuds-, a été remportée haut la main (1er et 2e) par le local de l’étape qui connaît parfaitement le plan d’eau: Sir Ben Ainslie. L’équipe anglaise devance Emirates Team New Zealand et les Américains d’Oracle.
Les anglais reçoivent le trophée des mains de la duchesse de Cambridge. © ACEA 2015 / Photo Gilles Martin-Raget
L’équipe française Groupama Team France, menée par Franck Cammas, qui n’avait navigué qu’une demi-douzaine de fois avant l’épreuve, termine 4e ex-aequo avec Dean Barker de Soft Bank Team Japan mais devant Nathan Outteridge d’Artemis Racing, équipe dans laquelle évolue un autre Français, Loïck Peyron.
Les français du Groupama Team France participent aux premières régates de l’America’s Cup World Series, © Yvan Zedda/ Groupama Team France
À l’issue des deux manches disputées dans le Solent le skipper de Groupama Team France analyse :
Nous terminons quatrième au classement général. Vis à vis des équipes concurrentes qui baignent dans la Coupe depuis de nombreuses années, c’est très encourageant. Pas suffisant bien sûr mais nous sommes sur la bonne voie. On sait qu’on a du retard dans pas mal de domaines mais on est capable d’aller vite sur les lignes droites. On a aussi du déchet dans les phases de transition et il faut améliorer la communication à bord dans les moments de stress, car c’est là que se joue la régate. Il y a du potentiel et nous sommes motivés pour travailler ensemble ».On est plutôt bien sur les bords de près et beaucoup de choses vont se jouer là. Mais on a du mal quand c’est à la limite du « foiling » (décollage sur les plans porteurs, ndlr) et samedi, on peinait à se stabiliser
Une disposition positive que confirme Olivier de Kersauson, venu à Portsmouth avec Michel Desjoyeaux soutenir Cammas et son équipage:
Nous sommes dans le train. Certes dans l’un des wagons de queue pour l’instant mais je n’ai aucun doute quant à la capacité et à la détermination de l’équipe pour remonter jusqu’à la locomotive d’ici 2017. Ce que j’ai vu ici me plaît beaucoup, l’ambiance est excellente.
Quant au coach de l’équipe, Bertrand Pacé, il ajoute :
On a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre notre meilleur niveau mais les bases sont saines. Le niveau entre les équipes est assez homogène même s’il est encore un peu trop tôt pour tirer des conclusions car nous n’avons disputé que deux manches. Dans tous les cas, l’équipage est très professionnel. J’aime travailler dans ce contexte.
Pour Thierry Fouchier, l’un des très rares Français à avoir remporté la Coupe de l’America en tant que navigant (33ème édition ndlr), l’épreuve anglaise des Louis Vuitton ACWS était importante :
On ne savait pas trop comment se situer par rapport à nos concurrents qui sont familiers du circuit et de la Coupe. Les deux manches disputées reflètent bien notre position. Dans la première, nous faisons beaucoup de petites erreurs qui nous valent une dernière place que l’on corrige dans la seconde en étant capables de se bagarrer en tête avec Emirates Team New Zealand. On a vraiment une bonne équipe, un fort potentiel. C’est top !
Reste maintenant à confirmer cette entrée en matière lors de la deuxième épreuve de l’année, du 27 au 30 août à Göteborg, sur les terres d’Artemis Racing à bord de ces AC45f (13,45 m) à mât « aile » et foils, « petits frères » des AC48 (15 m) qui seront utilisés en 2017. Selon Cammas:
Nous ne pourrons malheureusement pas naviguer d’ici là car le règlement l’interdit afin de limiter les coûts. On devra donc mettre à profit les cinq jours d’entraînement qui précèdent pour progresser.
À Portsmouth, lors des Louis Vuitton America’s Cup World Series, les AC45 ont offert un beau spectacle aux plus de 50 000 personnes présentes. © ACEA 2015 / Photo Gilles Martin-Raget
L’équipage de Groupama Team France:
Franck Cammas, skipper et barreur
Arnaud Psarofaghis, tacticien
Thierry Fouchier, réglage de l’aile
Arnaud Jarelgan, réglage des voiles d’avant
Devan Le Bihan, numéro 1
Classement général des Louis Vuitton America’s CUp World Series -Portsmouth
1/ Land Rover BAR – Ben Ainslie – avec 19 points
2/ Emirates Team New Zealand – Peter Burling – avec 18 points
3/ Oracle Team USA – Jimmy Spithill – avec 16 points
4/ Groupama Team France – Franck Cammas – avec 13 points
5/ Softbank Team Japan – Dean Barker – avec 13 points
6/ Artemis Racing – Nathan Outteridge – avec 11 points
Les deux manches prévues dimanche ont été annulées par le directeur de course Ian Murray,car le vent dépassait les 25 nœuds. Cette limite de 25 nœuds de vent n’est pas spécifique aux AC45 et à la Coupe de l’America. elle est également en vigueur dans les séries olympiques, elle vise à protéger les marins qui naviguent sur des bateaux de plus en plus rapides et performants. Pour ceux qui en doutent, il n’est qu’à se rappeler le décès de Bart Simpson, équipier d’Artemis, survenu lors de la 34ème Coupe à San Francisco.
