Après 18 mois de travaux au chantier du Guip de Brest, Pen Duick, le premier bateau d’Eric Tabarly retrouvera son élément demain après midi à Lorient aux pieds de la Cité Tabarly. C’est une quatrième naissance pour ce bateau légendaire classé Monument Historique.
Les noms d’Eric Tabarly et de Pen Duick sont définitivement associés et font partie de la légende maritime française. Il n’en était pas le premier propriétaire, le cotre a été construit en Irlande en 1898 sous la plume du célèbre architecte naval écossais, William Fife, troisième du nom. Cet architecte est alors l’un des plus grands architectes navals de son époque.
Aujourd’hui encore, dans la mémoire collective, c’est toujours le tout premier Pen Duick d’Éric Tabarly qui demeure le voilier de référence. Il reste l’un des plus célèbres bateaux de plaisance français, reconnu au-delà des frontières de l’Hexagone. Pourtant il est ni grand ni impressionnant. Mais c’est bien l’élégance de sa robe bleue nuit (et non noire) et son gréement qui font qu’on le reconnaît immédiatement.
Pour Jacqueline Tabarly :
Il faut savoir mémoire garder et c’est pour cela que je me bats. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Pen Duick est une leçon d’histoire et c’est pour cela qu’il ne fallait pas le laisser mourir. A titre personnel, Pen Duick représente beaucoup de bonheur, mais aussi de chagrin puisque c’est de son bord qu’Eric est tombé et a perdu la vie. Mais il faut regarder vers l’avant et que ce bateau continue de naviguer.
L’envol de la mésange Pen Duick
Pen Duick, petite mésange à tête noire, est donc restauré et renaît pour la quatrième fois. Le 18 mai, il retrouvera son élément. Il a fallu 18 mois et plus de 13 000 heures de travail aux équipes du chantier du Guip pour redonner vie à Pen Duick. Jacqueline Tabarly a confié la maîtrise d’œuvre générale à Arnaud Pennarun du chantier de Pors Moro, ami de longue date d’Eric Tabarly et de la famille qui explique :
Nous avons choisi de nous laisser guider par Eric, c’était le fil du chantier, son esprit, du début à la fin. Nous avons refait, avec des matériaux modernes ce qu’il avait mis en œuvre en 1958.
Pour Yann Mauffret, responsable du Guip
C’est plus qu’une rénovation, c’est presque une reconstruction, Mais nous l’avons réalisée comme Eric l’aurait fait. Notre métier est d’une grande richesse, chaque fois, nous travaillons en lien avec l’histoire. Pen Duick est un bateau mythique, qui a relancé l’intérêt pour les bateaux classiques. Tabarly était d’une grande modernité, sans rien renier de l’histoire. Notre exigence était de redonner au bateau toute sa beauté.
Demain, à Lorient, Pen Duick retrouvera la mer. Il faudra attendre mercredi pour qu’il la prenne.
Marie Tabarly visiblement émue l’assure
J’attends avec impatience notre première sortie. Je n’ai jamais été inquiète pour ce bateau, je ne m’en sens pas propriétaire, mais, comme d’autres avant moi, responsable et gardienne. Il a traversé deux guerres, il ne pouvait pas mourir. Il aurait peut être fallu des années pour le faire revivre, ce qui est merveilleux c’est d’avoir réussi à relever ce défi en quelques mois.